Généathème de Mars                                                                                  

Mon grand-père, Gaston Morisse*, qui a été prisonnier à Buchenwald du 4 septembre 1943 au 11 avril 1945 fût le récipiendaire, durant sa captivité d’une ‘’médaille de bonne camaraderie’’ parmi celles gravées clandestinement par Pierre Provost* (graveur) et compagnon du block 31, avec les moyens du bord, à ses risques et périls à la demande de la Résistance du camp qui lui en avait commandé une trentaine.

Certaines ont été décernées nominalement au camp en « reconnaissance d’actions de solidarité »

 En novembre 1944 au cours d’une cérémonie clandestine, André Marie**, qui est son voisin de lit, lui remet une de ces médailles.

« Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? « 

  • Au zénith, l’astre solaire qui déploie ses rayons
  • Les 8 phares de la tour du camp
  • Une main soutient un poignet
  • A droite et à gauche les barbelés et végétation de Buchenwald qui signifie Forêt de hêtres
  • Arabesques sublimant de part et d’autre le triangle des déportés et au centre le F pour les Français
  • Dont le cartouche contenant le matricule 20767 sert de plateau
  • Dessous, les initiales entrelacées du nom et prénom du récipiendaire
  • Autour, l’objet de cette médaille et la date

A l’occasion de la remise de cette médaille, André Marie composera le poème suivant :

A l’ami Gaston Morisse, « Souvenir d’Exil »

Cette médaille aimable et patient ouvrage
Que l’habile burin de Provost cisela,
Nous voulons te l’offrir comme le témoignage
D’une amitié solide et ferme ! … Accepte là !…

Accepte là pour que, plus tard, prenant de l’âge
Et constatant qu’elle a gardé tout son éclat,
Tu saches que le temps n’inflige pas d’outrage
Aux fortes amitiés que la douleur scella !…
…Voyant ce souvenir, certains voudront connaître
La cause de l’exil…Pour l’avoir mérité,
Quel crime, diront-ils, a-t-il pu commettre ?

Tu répondras ; « Mon crime est d’avoir souhaité
Faire régner sur terre un peu plus de bien-être
Et mettre au cœur de l’homme un peu de bonté ?…

En novembre 1948, Gaston répondra "Cette médaille dont l’original a été réalisé grâce a une inlassable ténacité, au prix d’efforts quotidiens, que de souvenirs amers n’invoque-t-elle pas,
Que de leçons pour le présent et l’avenir ne devrait-elle pas renfermer ?
Jamais nous n’oublierons l’enfer de ces bagnes qui nous ont marqués au plus profond de notre être. (…) Merci de m’avoir adressé ce souvenir si évocateur de nos souffrances, souvenir qui me sera d’autant plus précieux qu’il est un véritable objet d’art"

Gaston a disparu en 1952, et la médaille avec …

Peut-être est elle oubliée au fond d’un tiroir dans une famille?

Mes recherches n’ont pour le moment rien données.

A ce jour, une famille a retrouvé la médaille de son aïeul.


Sources :

  1. Gisèle Provost « Mémoire gravée, Pierre Provost Buchenwald 1944-1945 » – Gisèle Provost – Nouvelles éditions Loubatière 2016
  2. Le Maitron : https://maitron.fr/ *
  3. Les Français à Buchenwald et à Dora – Pierre Durand – Éditions sociales-1977
  4. Alphonse de Lamartine ‘’Milly ou la terre natale’’ Pour la citation
  5. André Marie, (76) Voir Wikipédia **

8 commentaires

  1. Finalement il se confirme que à travers ce généathème que la généalogie est une sorte de quête en permanence.
    Ancêtres, documents, objets, excitent notre petit coté chasseurs de trésors !
    Belle histoire !

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